Mathias Millet
Des élèves si particuliers. Les ULIS, un cas d’institution du handicap socio-culturel
Cette communication se penche sur la situation d’élèves scolarisés dans des Unités localisées pour l’inclusion scolaire dans le premier (ULIS-école) et second degré (ULIS-collège) après avoir été diagnostiqués pour un trouble des fonctions cognitives ou mentales (un « retard mental léger »). On cherchera à situer ces élèves sociologiquement puis à comprendre les logiques qui les conduisent à être reconnus comme étant en situation de handicap. On verra que derrière la question euphémisée des élèves à besoins éducatifs particuliers se joue en réalité un triple rapport de domination scolaire, social et biomédical dans le cadre duquel l’école, et ses partenariats institutionnels, retraduisent des conditions d’existence et culturelles, en rupture flagrantes avec les logiques scolaires et les normes (éducatives) de classes des acteurs institutionnels, en handicap mental (et socialement situé donc). Au-delà des problèmes (lacunes) scolaires et intellectuels bien réels de ces élèves, ce sont les situations familiales, les pratiques éducatives, les conduites sociales, les postures culturelles, etc., qui sont visées par les suivis de projets personnalisés et qui conduisent à institutionnaliser une enfance « incapable », et jugée comme socialement et culturellement déficiente. Le propos s’appuie sur les résultats de deux enquêtes ethnographiques conduites respectivement auprès d’une ULIS-école, d’un côté, et de trois ULIS-collèges de l’autre. Plusieurs séries d’observations ont été menées autour des activités de la classe, et ont été complétées à la fois par des observations des réunions bilan qui réunissent régulièrement les équipes pédagogiques et médico-socio-éducatives, des entretiens avec les enseignants des classes enquêtées, et différents acteurs institutionnels de la prise en charge.