Alexandre Sotirov
Lutter « pour » l’enfant au seuil de la scolarité obligatoire
En Suisse romande, avoir un enfant identifié comme ayant des BEP en âge d’entrer à l’école obligatoire (4 ans) implique pour les parents de se soumettre à un important travail de concertation avec les différent·e·s professionnel·le·s intervenant auprès de lui. Parents et professionnel·le·s se réunissent alors en réseau afin, officiellement, de discuter et de s’accorder autant que possible sur la définition de ses besoins ainsi que sur celle des modalités de scolarisation envisageables. Selon les politiques éducatives en vigueur, ce processus d’accordage est supposé se dérouler sous le signe du partenariat au sens d’une mutualisation et d’un enrichissement des expertises de nature certes différentes mais néanmoins reconnues comme complémentaires. Cependant, les pratiques ordinaires observées au cours d’une enquête de terrain dans le cadre de la réalisation d’une thèse révèlent davantage ces réseaux comme des arènes au sein desquelles luttent, de façon quasi permanente, des acteur·trice·s aux positions et aux ressources asymétriques. Ces pratiques mettent ainsi en lumière deux phénomènes qui seront traités lors de la communication : le travail d’influence pouvant être exercé par les professionnel·le·s sur les parents afin que ces derniers s’alignent sur leur point de vue et les inégalités d’orientation se construisant moins au regard des besoins de l’enfant qu’au regard de la capacité des parents à se présenter comme des partenaires adéquats.